Foire aux questions

Les remarques suivantes traitent des questions fondamentales dont la connaissance contribue à apprendre des langues avec succès.

Comment apprendre une langue étrangère au mieux?
Que signifie «maîtriser une langue étrangère»?
Mesurer la compétence, habileté par habileté
Qu’en est-il des termes langue maternelle, locuteur natif, langue seconde, langue étrangère
Des désignations d’autres langues
Qu’est-ce qui distingue une langue d’un dialecte?
«Apprendre un mot» – qu’est-ce que cela signifie?
Les locuteurs natifs combien de mots connaissent-ils?
Combien de mots dois-je connaître pour pouvoir communiquer en langue cible?
Comment puis-je bénéficier de mes connaissances plurilingues déjà existantes?
Mon profil plurilingue en tant que «locuteur interculturel»
L’approche intercompréhension améliore-t-elle l’apprentissage des langues? Comment puis-j’en profiter?
Littérature

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Comment apprendre une langue étrangère au mieux?

Impossible de répondre à la question avec exactitude, vu que chaque individu a sa propre façon d’apprendre – apprendre unit trop de variables pertinentes. Pour reprendre la question, dites: Qu’est-ce qui me motive le plus pour apprendre telle ou telle langue ? Qu’est-ce que j’aimerais en faire ? Quelles sont mes stratégies génèrant un apprentissage réussi ? Quels sont les principaux obstacles à la réussite ? Etc. – Malgré le renvoi au caractère individuel, on sait depuis longtemps ce qui fait un bon apprenant en général, comme l’a dit Joan Rubin. Grosso modo, les conditions préalables à tout bon apprentissage de langues sont la sensibilité aux langues – à celles qu’on maîtrise déjà et à la langue cible – ainsi qu’au propre apprentissage.

Que signifie «maîtriser une langue étrangère»?

La réponse dépend de l’environnement social où l’on veut utiliser la langue concernée et des attentes du groupe cible. En ce qui concerne la maîtrise d’une langue dans laquelle on étudie, travaille et passe sa vie, cela signifie qu’on doit pouvoir l’utiliser pour exprimer de nombreux messages. Les compétences nécessaires comprennent une maîtrise suffisante de l’expression orale et écrite, de la compréhension auditive et de lecture. À tout prendre, dans nos sociétés, une vie réussie dépend largement des compétences communicatives.

Le Cadre européen de référence pour les langues: apprentissage, enseignement, évaluation (CERL) définit les différentes compétences. Pour le niveau «C2 global», il dit :

  • Peut facilement comprendre pratiquement tout ce qu’il lit ou entend.
  • Peut résumer des informations provenant de diverses sources écrites et orales et ainsi reproduire des justifications et des explications dans une présentation cohérente.
  • Peut s’exprimer spontanément, très couramment et avec précision, et peut également révéler des significations plus fines dans un comportement factuel plus complexe.

En d’autres termes, comprenez-vous en détail des émissions de télévision allemandes afin de pouvoir répéter les textes mot par mot (en anglais, on parle de « shadowing ») ? Pouvez-vous suivre un débat de journalistes espagnols en saisissant tous leurs arguments ?… suivre un reportage de football à la télévision italienne ? Arrivez-vous à tout dire ou écrire en russe ce que vous voudriez dire et écrire ? Si c’est «oui», vous avez une compétence C2 complète dans la langue concernée. Afin d’atteindre un niveau de compétence aussi élevé, un gros investissement en temps et de nombreux contacts avec des locuteurs natifs sont nécessaires. Dans les seules conditions en classe de langue étrangère, ce niveau n’est pas atteignable. Répondez uniquement à ces questions : Combien d’heures ai-je passé à utiliser ma langue maternelle ? Combien à utiliser la langue étrangère ? Avec combien d’interlocuteurs compétents est-ce que je me suis échangé, sur combien de sujet? Etc.

Mesurer la compétence, habileté par habileté

Le CERL permet de mesurer la compétence selon différentes habilités de communication. À l’égard de l’interlocuteur polyglotte et interculturel, une remarque préliminaire semble à propos: une compétence A en langue A ne peut jamais égaler une compétence A en langue B. En plus, toute compétence complète est composée des quatre habilités de base. D’où les profils de compétence échelonnés et diversifiés qu’on observe même chez les locuteurs natifs. Disons-le d’emblée: envisager une compétence seule (par ex. exclusivement de lecture) est tout à fait légitime.

Quelques examples explique des profils de compétences. Personne 1: «langue maternelle: français; maîtrise de quatre compétences: anglais et italien; maitrise de lecture seulement: espagnol, portugais, catalan…». Ou bien personne 2: «l. maternelle: allemand, maîtrise de quatre habilités en français, anglais; c. de lecture seulement: italien, espagnol». Force est de rappeler que l’acquisition de l’habileté de lecture dans une langue proche (= d’une famille dont on connaît déjà une autre langue) s’effectue en très peu de temps, dont témoignent de nombreuses études empiriques.

Somme toute, comme l’Union Européenne l’a défini, l’objectif est qu’un maximum de citoyennes et citoyens européens développent une compétence embrassant les quatre compétences en au moins deux langues en plus de la langue maternelle; il est souhaitable qu’ils acquièrent d’autres langues avec l’objectif d’une compétence complète ou seulement partiel.

Qu’en est-il des termes langue maternelle, locuteur natif, langue seconde, langue étrangère

Le mot langue maternelle n’est pas un terme scientifique, ni le mot locuteur natif calqué sur ce terme. Néanmoins les deux notions ont une certaine conjoncture même internationale en didactique de langues. En ce qui concerne les migrants, il se réfère souvent à la langue habituellement parlée au sein de la famille. Les linguistes, au contraire, préfèrent souvent distinguer une première langue d’une seconde et des langues étrangères. Des fois, les termes expriment différents niveaux de compétence; des fois, ils se réfèrent à l’ordre chronologique de l’apprentissage par l’individu. Dans les sociétés européennes dites monolingues, la langue maternelle de l’écrasante majorité des citoyens est aussi la langue «officielle» (celle de la justice, des affaires, de la scolarisation, etc.). En ce sens, on peut dire que la langue maternelle des Allemands est l’allemand. Beaucoup de germanophones parlent un dialecte allemand, et une partie de la population utilise d’autres langues présentes sur le territoire allemand (sorabe, danois, frison) auxquelles s’ajoutent les plus d’une centaine de langues migrantes.

Pour les migrants d’Allemagne qui continuent à pratiquer leur langue d’origine, l’allemand est une langue seconde, dont ils ont très souvent une maîtrise native. Dans les pays germanophones, des langues comme l’anglais, le français ou le russe sont généralement considérées comme des langues étrangères, souvent enseignées comme matières scolaires obligatoires ou facultatives.

Il n’y a pas non plus le Native Speaker d’usage international qu’il imite.

D’un point de vue linguistique, toutes les notions de compétence sont problématiques, parce que la capacité linguistique, en tant que capacité observable, ne se montre qu’individuellement et cas par cas dans chaque situation de communication. Par conséquent, une langue comme le français ou l’arabe, dans son ensemble, ne pourrait jamais être décrite, même pas dans un dictionnaire le plus volumineux. Ainsi, toute compétence linguistique reflète les expériences accumulées durant le vie d’un individu – sont concernés : savoirs, attitudes, façons d’être, etc. Le dialecte d’une personne, par exemple, exprime son origine régionale, le sociolecte la quantité de ses contacts fréquents…

Les descriptions actuelles des compétences s’inspirent du cadre européen commun de référence (CECR).

Des désignations d’autres langues

… affectent les langues autochtones. En Allemagne: frison, sorabe et autres, en France: corse, catalan, occitan, alsacien, au Royaume-Uni: gallois, en Espagne: basque, galicien et catalan. Ces langues régionales ont unstatut politique officiel en tant que langues minoritaires – comme l’allemand dans le Tyrol du Sud, le danois près de la frontière germano-danoise.

Les langues d’origine ou de migration peuvent compter plus de locuteurs que certaines variétés autochtones. En Allemagne, c’est le cas pour le turc. Néanmoins, les langues migrantes ne bénéficient pas nécessairement d’un soutien politique particulier de la part de l’État accueillant, bien que la Déclaration universelle des droits linguistiques (Barcelone 1996) protège également ces langues. (La déclaration n’a pas encore été adoptée par l’UNESCO.)

Qu’est-ce qui distingue une langue d’un dialecte?

«Une langue est un dialecte avec une flotte et une armée», ainsi le linguiste Max Weinreich l’a dit dans l’ouverture de la 19e réunion annuelle de l’Institut de Recherche Juive (YIVO) en 1945. Toutes nos langues nationales ont évolué à partir de dialectes. Les «langues» émergent lorsque le dialecte sous-jacent gagne une propagation nationale – dans le système judiciaire, le gouvernement et l’administration, la religion, les universités, les sciences, les écoles ou le commerce. La base pour cela était souvent liée au statut d’alphabétisation de la langue et à l’existence d’une norme embrassant l’orthographe, la prononciation (orthoépie), le vocabulaire… au sein de la communauté donnée. La standardisation a contribué à assurer un prestige élevé à cette variété, ce qui, à son tour, expliquait pourquoi les «nouvelles» langues pouvaient être enseignées et apprises en tant que langues étrangères. Souvent, la croissance des états et des langues allait de pair, comme l’a souligné en 1492 le grammairien espagnol Antonio de Nebrija dans son Prólogo a la Gramática de la lengua castellana: «Siempre una lengua fue compañera del imperio».

Aujourd’hui, les dialectes véhiculent la communication dans notre vie quotidienne et locale. Une de leurs caractéristique est leur intercompréhensibilité. Étant donné qu’ils transportent également des bases de transfert, les dialectes peuvent être, ils aussi, aider à apprendre des langues étrangères.

«Apprendre un mot» – qu’est-ce que cela signifie?

Selon le père de la linguistique moderne, Ferdinand de Saussure, les mots se composent d’un sens (signification, signifié) et d’un corps de signe (signifiant). Un signifiant peut transporter une ou plusieurs significations. Ainsi, il y a des mots monosémiques (qui n’ont qu’une seule signification) et polysémiques (avec plusieurs comme l’allemand Flügel [1] ‘aile’ avec des références à [1a] oiseau, [1b] avion, [1c] partie d’une porte ou d’une fenêtre, ou [2] ‘piano à queue’). L’usage d’un mot peut être dénotatif, dans son sens littéral, ou connotatif, dans une nuance figurative ou émotionnelle (ange pour ‘personne adorable’, mais grosse pourriture pour ‘personne exécrable’). Connaître un mot implique son orthographe, sa prononciation, ses significations, son registre, ses tabous, ses caractéristiques grammaticales (par ex. le verbe anglais to consider déclenche un gérondif: she considers buying a new car), ses dénotations et connotations, ses collocations (to jump a red light / brûler un feu / eine Ampel überfahren). Les locuteurs compétents savent, par exemple qui utilise un certain mot, dans quel but, avec qui, où, quand, comment, etc. De toute évidence, les vocabulaires sont liés à leur culture que le sociologue allemand Niklas Luhman définit comme un répertoire de thèmes. Chaque culture développe son propre script culturel, différent de celui d’une autre culture.

Enfin, un mot peut être codé/décodé: les activités de parler, écouter, écrire, lire se déroulent sur différents canaux dont chacun active un propre programme mental. Quant à l’apprentissage, cela signifie en clair: Nous apprenons à parler en parlant, à comprendre (ségmenter) la chaîne orale en écoutant, à lire en lisant, à écrire en écrivant. – Malheureusement, le guidage didactique a longtemps ignoré cette règle importante.

Les locuteurs natifs combien de mots connaissent-ils?

Jean Aitchison, une linguiste anglaise, rapporte des estimations sur la connaissance des mots par des étudiants britanniques. Le résultat à interpréter avec prudence est «que l’étudiant moyen connaissait environ 58000 «mots de base » courants, 1700 «mots de base » rares et 96000 mots dérivés et composés. Le résultat le plus élevé était de 200000, et le plus bas de 100000 (1997 : 7). L’estimation de 50000 (…) «peut être trop basse » (ibid.). Les estimations doivent également être évaluées en fonction de ce qui est compté. La création allemande Donaudampfschifffahrtsgesellschaft serait probablement définie comme un seul mot (entre deux blancs) par la plupart des germanophones. Les traductions française et anglaise, cependant, montrent davantage d’«entre deux blancs »: La compagnie des bateaux-vapeurs sur le Danube / the Danube Steam Ship Company.

Bien sûr, la maîtrise d’une langue exige plus que des connaissances déclaratives. Le lexique mental organise son répertoire de telle sorte que l’accès à un mot se fait en une fraction de seconde, à savoir en 200 millisecondes ou moins. La répétition à haute voix (en anglais «shadowing») permet d’indiquer à quelle vitesse une chaîne parlée peut être segmentée (et les mots être identifiés). Le résultat: de bons sujets se caractérisent par l’exploitation de leurs connaissances idiomatiques. En partant des co-textes d’ores et déjà identifiés ils émettent des hypothèses sur les mots à suivre

Combien de mots dois-je connaître pour pouvoir communiquer en langue cible?

Pour trouver la réponse à l’égard du lexique, va à la question pour quoi faire? Il ne fait aucun doute que tu as besoin du vocabulaire de base ou fondamental, car il te permet de comprendre la plupart des textes. Le VFPR comprend les mots concernés (rang de fréquence inférieur à 5000). Mais pour une compréhension plus large de textes de différentes sortes et thématiques, il est nécessaire de connaître en plus les mots-clés du registre en question.

Comment puis-je bénéficier de mes connaissances plurilingues déjà existantes?

«Si je devais réduire toute la psychologie de l’éducation à un seul principe, je dirais ceci:
le facteur le plus important pour influencer l’apprentissage est ce que l’apprenant sait déjà.»

(David Ausubel: Psychologie de l’éducation. Une vue cognitive. New York 1968, p. vi)

Un exemple: Un francophone lit le verbe anglais to continue (ou le substantif continuation) dont il connaît déjà la signification et le signifiant (continuer, continuation…). Les différences concernent la prononciation, certaines règles syntaxiques (to continue working, comme en espagnol continua trabajando, contrairement à l’italien continua di lavorare ou au français continue à travailler), etc. Mais attention! L’étudiant a besoin de connaître la «règle » concernée exclusivement pour les compétences productives, mais pas pour comprendre.

En bref, ce que tu dois réellement apprendre dépend (a) des connaissances préalables pertinentes que tu possèdes déjà et (b) du profil de compétences que tu as l’intention d’atteindre.

Mon profil plurilingue en tant que «locuteur interculturel»

Y a-t-il les langues dont tu auras vraiment besoin, dans quelle mesure? Comme mentionné ci-dessus, la réponse dépend de ta situation de vie actuelle ou future. Tu as certainement besoin de connaître ta langue environnementale au plus haut niveau de compétence (par ex. le polonais en Pologne… ); une bonne maîtrise de l’anglais dans les quatre compétences te donnera des avantages significatifs dans la communication internationale. Pour l’Union européenne, il est hautement souhaitable que tu apprennes une deuxième langue étrangère. Il est clair que cela favorise en même temps les compétences d’apprendre les langues. – Peut-être as-tu une relation particulière avec un autre pays? La connaissance de la langue concernée est avantageuse. En outre, il existe des exigences en matière d’éducation, d’études et de profession exigeant des compétences linguistiques spéciales.

Évidemment, beaucoup de gens devront apprendre d’autres langues au cours de leur vie, d’où l’importance de la compétence d’apprentissage des langues. Pas de doute non plud: le plurilinguisme enrichit ta vie à maints égards.

L’approche intercompréhension améliore-t-elle l’apprentissage des langues? Comment puis-j’en profiter?

L’exemple de continuer, continueront… a déjà indiqué ce que signifie l’interprétation: comprendre une langue étrangère sans l’avoir apprise ou acquise dans son environnement naturel. – Lapréhension de l’interphone vous oblige à faire attention à la langue cible en identifiant de nouvelles formes, fonctions et significations. Les études empiriques montrent à plusieurs reprises les étapes suivantes:

L’exemple de continuer… a déjà indiqué ce que signifie l’intercompréhension : comprendre une langue étrangère sans l’avoir apprise de manière guidée ou acquise dans son environnement naturel.

L’approche intercompréhensive t’oblige à diriger ton attention à la fois sur tes langues pont et la langue cible en identifiant de nouvelles formes, fonctions et significations. En démasquant et en construisant la langue cible, deux activités se marient : celle des données linguistiques et celle du type comportemental ayant trait à l’apprentissage.

Les études empiriques montrent que l’acte intercompréhensif se déroule dans des étapes suivantes:

  • Lecture du texte cible. Identification de la thématique.
  • Revue du texte sous la question: Qu’est-ce que je comprends, qu’est-ce que cela signifie, quelles significations et fonctions dois-je reconnaître encore ?
  • Encore une fois en scannant le texte sous la question: En quoi le schéma de langue cible reconnu est-il identique au schéma activé à partir de mes connaissances précédentes, en quoi est-il différent.
  • Troisième lecture sous la question: Qu’est-ce que je ne comprends pas ?
  • Clarification des questions sans réponse, par exemple à l’aide d’un dictionnaire, d’une grammaire, de l’enseignant.
  • Création de la «grammaire d’hypothèses » de la langue cible : Notez les règles que vous reconnaissez en lisant.
  • Éventuellement, création d’une grammaire d’hypotheses plurilingue (des langues impliquées). C’est recommandé si vous souhaitez acquérir des compétences de lecture dans plus d’une langue romane.
  • (Rédigez votre plan d’apprentissage ultérieur.)

Vous verrez que dans un deuxième, troisième, quatrième texte, le décryptage deviendra chaque fois plus facile.

Littérature

Aitchison, J. (1987): Words in the Mind. An Introduction into the Mental lexicon. Oxford/New York: Basil Blackwell.

[1]  https://de.statista.com/statistik/daten/studie/170897/umfrage/einschaetzung-zu-eigenen-franzoesischkenntnissen/

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